La violette bleue
- Indbinding:
- Paperback
- Sideantal:
- 364
- Udgivet:
- 6. august 2015
- Størrelse:
- 152x229x19 mm.
- Vægt:
- 485 g.
- 2-3 uger.
- 13. december 2024
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Beskrivelse af La violette bleue
Extrait chapitre I Le vieux Paris s'en va. On a démoli l'ancien Hôtel-Dieu, mais il attristait encore, il y a dix ans, le parvis Notre-Dame, et sa façade délabrée barrait la vue de la rivière à ceux qui venaient admirer la cathédrale immortalisée par Victor Hugo; - des provinciaux ou des étrangers, ceux-là, car les vrais Parisiens visitent peu les monuments et ne s'avisent guère d'aller flâner dans la Cité. C'est un quartier pauvre, habité par de tout petits rentiers qui sortent rarement, et qui n'apprécient pas les beautés architecturales de l'église bâtie sous Philippe-Auguste. En ce temps-là, pourtant, la place déserte et silencieuse s'animait le jeudi et le dimanche, les jours où les parents des malades de l'hôpital étaient admis à les voir; mais ces réceptions, autorisées par l'Assistance publique, contrastaient avec celles qui attirent de luxueux équipages à la porte des grands hôtels du faubourg Saint-Germain. C'était un va-et-vient de pauvres diables qui arrivaient à pied et qui s'en allaient de même; cependant, ces jours-là l'aspect du parvis devenait presque gai, et le tableau valait qu'on l'observât. Par un beau jeudi de printemps de l'an de grâce 1874, deux messieurs s'en régalaient, d'une des plus hautes fenêtres du long bâtiment de l'Hôtel-Dieu. Le plus jeune, en bras de chemise, fumait sa pipe, accoudé sur l'appui de la croisée, et il était là chez lui, car il y avait dans l'hôpital des logements réservés aux internes, et il en occupait un depuis six mois qu'il avait été reçu à l'internat, après un très brillant examen. C'était un garçon de bonne mine, et sa tenue débraillée ne l'empêchait pas d'avoir ce que l'on appelle l'air distingué. Il avait de grands yeux noirs et ce teint pâle qui plaît tant aux femmes romanesques. L'autre, qui se tenait debout près de lui et qui ne fumait pas, était un homme d'une quarantaine d'années, grand, maigre et sec, porteur d'une figure osseuse et longue, coupée en deux par une formidable paire de moustaches hérissées, des moustaches à la Victor-Emmanuel; serré avec cela dans une redingote noire, taillée militairement, et coiffé d'un chapeau à larges bords, évasé par le haut. N'eût été sa physionomie loyale et franche, on aurait pu le prendre pour un de ces agents bonapartistes d'autrefois, un Ratapoil, comme on disait entre la révolution de 1848 et le coup d'État de 1851. Mais il ressemblait surtout à don Quichotte, et il fallait qu'il eût la bravoure et le caractère aventureux du héros de Cervantès, car ses amis l'appelaient familièrement don Mériadec, alors qu'il se nommait, de ses vrais noms, Médéric-Yves-Conan de Mériadec. Il était Breton bretonnant, et quelque peu baron, mais baron sans terres, et il ne tenait pas du tout à son titre. L'interne, Albert Daubrac, natif d'Agen, était, comme tous les Gascons, avisé, ambitieux, et médiocrement porté à la rêverie. Mais l'amitié naît des contrastes, et, en dépit de la différence d'âge, ces deux hommes se tutoyaient. - Tiens, dit tout à coup l'interne, voici l'Ange du bourdon qui traverse la place. D'où vient-elle avec son petit panier ? Ah ! j'y suis... du marché aux fleurs. Elle rapporte des bottes de giroflées. - Cette jeune fille qui se dirige vers l'église ? demanda Mériadec. - Oui, celle qui a un tartan écossais sur les épaules et un fichu sur ses cheveux blond cendré. En as-tu vu d'aussi jolies dans ton pays de Bretagne ? Ça ne pousse pas dans les landes, ces beaux brins de filles-là; ça pousse à Paris, dans les loges de portier. Mériadec tira de son étui une grosse lorgnette qu'il portait en bandoulière, à la façon des Anglais en voyage, la braqua sur la personne que lui désignait Daubrac, et dit avec conviction
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