De Aller-Bedste Bøger - over 12 mio. danske og engelske bøger
Levering: 1 - 2 hverdage

Le livre de la pitié et de la mort

Bag om Le livre de la pitié et de la mort

Ce livre est encore plus moi que tous ceux que j'ai écrits jusqu'à ce jour. Il renferme même un long chapitre que je n'ai consenti à livrer à aucune revue, de peur qu'il ne tombât sous les yeux de gens quelconques, sans que j'aie pu les avertir. D'abord, je voulais ne pas publier ce passage. Mais j'ai songé à mes amis inconnus: un seul mouvement de leur sympathie lointaine, je regretterais trop de m'en priver... Et puis j'ai toujours cette impression que, dans l'espace et dans la durée, je recule les limites de mon âme en la mêlant un peu aux leurs; quelques instants de plus, après que j'aurai passé, la mémoire de ces frères gardera peut-être vivantes de chères images que j'y aurai gravées. Ce besoin de lutter contre la mort est d'ailleurs - après le désir de faire quelque bien si l'on s'en croit capable - la seule raison immatérielle que l'on ait d'écrire. Parmi ceux qui font profession d'étudier les oeuvres de leur prochain, il en est bon nombre avec lesquels je n'ai rien de commun, ni les idées ni le langage. Moins que jamais je me sens capable d'irritation contre eux, tant j'ai appris à tenir compte, avant de juger les autres hommes, des différences naturelles ou acquises. Mais cette fois est la première où leur gouaillerie aurait quelque chance de m'être pénible, si elle parvenait jusqu'à moi, parce qu'elle pourra porter sur des choses et des êtres qui me sont sacrés; je leur donne vraiment la partie belle en publiant ce livre. Aussi vais-je essayer de leur dire ici: faites-moi donc la grâce de ne pas le lire, il ne contient rien qui soit pour vous, - et il vous ennuiera tant, si vous saviez !... Pierre Loti. Après quelques minutes de traversée, une barque nous dépose sur ces sables - qui ne sont point un îlot comme on l'aurait cru de loin, mais qui forment l'extrémité d'une longue, longue et étroite presqu'île, d'une espèce de plage sans fin resserrée entre l'Océan et des lagunes à sel alimentées par la mer. Pen-Bron est là, entouré d'eau comme un navire. Devant ses murs, on a esquissé un jardin, que balaient tous les souffles du large, mais où les fleurs poussent tout de même dans les plates-bandes sablonneuses. Une soixantaine d'enfants se tiennent dehors, petits garçons et petites filles, en deux groupes séparés. Les petits garçons jouent, causent, chantent. Sous la surveillance d'une bonne soeur en cornette, les petites filles en font autant de leur côté, à part quelques-unes un peu grandes, qui sont assises sur des chaises et travaillent à l'aiguille. - Et c'est comme cela tous les jours, paraît-il, excepté par les grandes pluies; constamment installés dehors, les pensionnaires de Pen-Bron tournent, d'après le vent et le soleil, autour des murs de leur maison, regardant tantôt la lagune, tantôt la grande mer, sans cesse respirant cette brise qui laisse aux lèvres un goût de sel. Et vraiment - si ce n'était qu'on aperçoit quelques béquilles soutenant de pauvres petites jambes trop faibles, quelques bandages cachant encore des moitiés de figure, et, adossés à la muraille, trois ou quatre petits fauteuils d'une forme un peu inquiétante - on croirait arriver dans un pensionnat quelconque, à l'heure de la récréation; tellement, que je sens tout à coup s'envoler cette sorte d'horreur physique, d'angoisse irraisonnée qui me serrait la poitrine à l'abord de ce muséum de misères. Je n'ai plus qu'un sentiment de curiosité en approchant de ces petits malades: de loin, je les vois jouer comme n'importe quels autres enfants de leur âge; mais, pour être là, cependant, il faut qu'ils soient tous, tous sans exception, atteints jusqu'aux moelles par quelque maladie effroyable. - Et alors, quelles figures vont-ils avoir ? - Mon Dieu, des figures comme tout le monde; quelquefois même, à mon grand étonnement, des figures très gentilles, arrondies, pleines, imitant la santé. L'oeuvr

Vis mere
  • Sprog:
  • Fransk
  • ISBN:
  • 9781503015432
  • Indbinding:
  • Paperback
  • Sideantal:
  • 238
  • Udgivet:
  • 12. november 2014
  • Størrelse:
  • 127x203x13 mm.
  • Vægt:
  • 240 g.
  • 2-3 uger.
  • 16. december 2024
På lager
Forlænget returret til d. 31. januar 2025

Normalpris

Abonnementspris

- Rabat på køb af fysiske bøger
- 1 valgfrit digitalt ugeblad
- 20 timers lytning og læsning
- Adgang til 70.000+ titler
- Ingen binding

Abonnementet koster 75 kr./md.
Ingen binding og kan opsiges når som helst.

Beskrivelse af Le livre de la pitié et de la mort

Ce livre est encore plus moi que tous ceux que j'ai écrits jusqu'à ce jour. Il renferme même un long chapitre que je n'ai consenti à livrer à aucune revue, de peur qu'il ne tombât sous les yeux de gens quelconques, sans que j'aie pu les avertir. D'abord, je voulais ne pas publier ce passage. Mais j'ai songé à mes amis inconnus: un seul mouvement de leur sympathie lointaine, je regretterais trop de m'en priver... Et puis j'ai toujours cette impression que, dans l'espace et dans la durée, je recule les limites de mon âme en la mêlant un peu aux leurs; quelques instants de plus, après que j'aurai passé, la mémoire de ces frères gardera peut-être vivantes de chères images que j'y aurai gravées. Ce besoin de lutter contre la mort est d'ailleurs - après le désir de faire quelque bien si l'on s'en croit capable - la seule raison immatérielle que l'on ait d'écrire. Parmi ceux qui font profession d'étudier les oeuvres de leur prochain, il en est bon nombre avec lesquels je n'ai rien de commun, ni les idées ni le langage. Moins que jamais je me sens capable d'irritation contre eux, tant j'ai appris à tenir compte, avant de juger les autres hommes, des différences naturelles ou acquises. Mais cette fois est la première où leur gouaillerie aurait quelque chance de m'être pénible, si elle parvenait jusqu'à moi, parce qu'elle pourra porter sur des choses et des êtres qui me sont sacrés; je leur donne vraiment la partie belle en publiant ce livre. Aussi vais-je essayer de leur dire ici: faites-moi donc la grâce de ne pas le lire, il ne contient rien qui soit pour vous, - et il vous ennuiera tant, si vous saviez !... Pierre Loti. Après quelques minutes de traversée, une barque nous dépose sur ces sables - qui ne sont point un îlot comme on l'aurait cru de loin, mais qui forment l'extrémité d'une longue, longue et étroite presqu'île, d'une espèce de plage sans fin resserrée entre l'Océan et des lagunes à sel alimentées par la mer. Pen-Bron est là, entouré d'eau comme un navire. Devant ses murs, on a esquissé un jardin, que balaient tous les souffles du large, mais où les fleurs poussent tout de même dans les plates-bandes sablonneuses. Une soixantaine d'enfants se tiennent dehors, petits garçons et petites filles, en deux groupes séparés. Les petits garçons jouent, causent, chantent. Sous la surveillance d'une bonne soeur en cornette, les petites filles en font autant de leur côté, à part quelques-unes un peu grandes, qui sont assises sur des chaises et travaillent à l'aiguille. - Et c'est comme cela tous les jours, paraît-il, excepté par les grandes pluies; constamment installés dehors, les pensionnaires de Pen-Bron tournent, d'après le vent et le soleil, autour des murs de leur maison, regardant tantôt la lagune, tantôt la grande mer, sans cesse respirant cette brise qui laisse aux lèvres un goût de sel. Et vraiment - si ce n'était qu'on aperçoit quelques béquilles soutenant de pauvres petites jambes trop faibles, quelques bandages cachant encore des moitiés de figure, et, adossés à la muraille, trois ou quatre petits fauteuils d'une forme un peu inquiétante - on croirait arriver dans un pensionnat quelconque, à l'heure de la récréation; tellement, que je sens tout à coup s'envoler cette sorte d'horreur physique, d'angoisse irraisonnée qui me serrait la poitrine à l'abord de ce muséum de misères. Je n'ai plus qu'un sentiment de curiosité en approchant de ces petits malades: de loin, je les vois jouer comme n'importe quels autres enfants de leur âge; mais, pour être là, cependant, il faut qu'ils soient tous, tous sans exception, atteints jusqu'aux moelles par quelque maladie effroyable. - Et alors, quelles figures vont-ils avoir ? - Mon Dieu, des figures comme tout le monde; quelquefois même, à mon grand étonnement, des figures très gentilles, arrondies, pleines, imitant la santé. L'oeuvr

Brugerbedømmelser af Le livre de la pitié et de la mort